Khazaks et Kazakhstan


Les Khazaks (« hommes libres » en turc, d'où Cent aussi le mot russe « cosaque») ont pour origine des tribus turques nomades qui se regroupent au Xve siècle à proximité du lac Balkach. Au XVIIe siècle, les Kazakhs s'organisent en trois « hordes» : la «Grande » évolue dans le Sémirétchié, au sud du lac Balkach; la «Moyenne» entre le lac Balkach et la mer d'Aral; la «Petite » entre la mer d'Aral et le fleuve Oural. Au début du XVlle siècle, face aux attaques des Dzoungares, certains chefs kazakhs appellent à leur secours les Russes, et c'est ainsi que la Petite Horde passe sous le protectorat de la Russie en 1731 la Moyenne et une partie de la Grande quelque dix ans plus tard.

Vers la fin du XVIIIe siècle, l'emprise des Russes, qu'accompagne déjà une infiltration de colons, suscite des révoltes. Mais c'est aussi à cette époque que des Tatars de la Volga (commerçants, religieux ... ) se répandent dans les steppes. Ils y convertissent les Kazakhs à l'Islam (seules les familles dirigeantes étaient jusque-là musulmanes) et ils jouent un rôle tel que le tatar devient lingua franca dans la région. Les autorités russes, simultanément, renforcent leurs positions: elles déposent le khan de la Moyenne Horde en 1822, celui de la Petite en 1824, celui de la Grande en 1848. Dans les années 1850, les Russes prennent le contrôle du Sémirétchié (région sud est du lac Balkach). Une révolte éclate encore en 1868.

KAZAKHS OU KIRGHIZES?

Une grande confusion a longtemps régné, du moins dans l'esprit des Européens (Russes coinpris), à propos des Kazakhs et des Kirghizes, baptisés le cas échéant Kirghiz-Kazakhs ou Kazakh-Kirghizes... Au début des années 1920, les Kazakhs furent dotés d'une RSSA officiellement dénommée «kirghize», tandis que les Kirghizes avaient droit à une région autonome, dite des Kara Kirghizes (Kirghizes, noirs). La terminologie ne fut définitivement clarifiée qu'en 1925. Les Kazakhs, pour leur part, ne s'étaient jamais désignés eux-mêmes sous un autre nom.

LES KAZAKHS DANS L'EMPIRE RUSSE.

Les relations avec les Russes s'améliorent néanmoins : l'aristocratie kazakh se montre réceptive à leur culture, pour une part en réaction contre l'emprise des Tatars. Mais l'immensité des terres que les Kazakhs considèrent comme les leurs attire des colons, dans le Sémirétchié pour commencer. Après la création, en 1896, d'une agence pour la colonisation russe, de grandes vagues d'immigration atteignent les terres cultivables du nord et de l'est des steppes kazakhs. En 1912, un million et demi de Russes et Ukrainiens y sont implantés et forment déjà 40% de la population. Les Kazakhs sont cantonnés sur des territoires de plus en plus réduits, voire contraints à se sédentariser, ou rejetés vers les steppes arides du sud et de l'ouest. Leur organisation sociale traditionnelle se disloque. En 1905, un mouvement nationaliste kazakh (Alach Orda, du nom d'une horde mythique) voit le jour et s'oppose à la colonisation et à la russification, tout en prônant des réformes sociales.

En 1916, la décision du gouvernement russe de mobiliser 240000 musulmans d'Asie centrale pour constituer des bataillons du travail (alors qu'ils étaient à l'époque exclus du service militaire) provoque une terrible révolte. Les Russes ripostent violemment : les Kazakhs massacrés se comptent par dizaines de milliers; d'autres fuient vers la Dzoungarie chinoise.

LE KAZAKHSTAN SOVIETIQUE.

En décembre 1917, les nationalistes d'Alach Orda proclament une région autonome, avec Semipalatinsk pour capitale. Prise dans la guerre entre l'Armée rouge et les armées blanches, la résistance des Kazakhs s'effondre deux ans plus tard. Le 26 août 1920, une RSSA (alors dénommée « kirghize » et non kazakhe) est instituée, dans le cadre de la république soviétique de Russie. Elle a pour capitale Orenbourg, puis Kzyl Orda jusqu'en 1929. La «délimitation nationale » de 1924 incorpore dans la république le Sémirétchié (avec la nouvelle capitale Alma-Ata rebaptisée Almaty (turc) après l'éclatement de l'URSS) et en exclut Orenbourg. La RSSA deviendra RSS en 1936.

Interdite au début des années 1920, l'implantation de nouveaux colons russes ne tarde pas à reprendre. En compensation, des mesures favorisent les éleveurs kazakhs les plus pauvres Mais la collectivisation lancée en 1928, se traduit par une redistribution complète des troupeaux et une sédentarisation forcée. Il en résulte une baisse catastrophique du cheptel et surtout une résistance farouche de la population, qui conduit à des exécutions et des déportations massives et à une nouvelle émigration vers la Chine.  A la fin des années 1930, les Kazakhs ne forment que 30 % de la population de leur république.

L'arrivée de peuples déportés (Coréens en 1937, Allemands de la Volga en 1941) accentue le déséquilibre. La dernière grande vague d'immigration a lieu à partir de 1954, quand Nikita Khrouchtchev, pour accroître le potentiel agricole soviétique, décide la mise en valeur des «terres vierges» du Kazakhstan, autrement dit de toutes les terres aptes à la culture qui n'étaient pas encore colonisées. Une fois de plus, les nouveaux arrivants sont surtout russes et ukrainiens. Le nord du Kazakhstan se rapproche ainsi de la Sibérie voisine (composition ethnique, structure sociale) à tel point qu'un redécoupage territorial fut, vers 1960, envisagé à Moscou. Le sud du Kazakhstan, en revanche, s'apparente en tout point aux autres républiques d'Asie centrale.

LE KAZAKHSTAN INDEPENDANT.


En décembre 1991, le Kazakh Nursultan Nazarbaïev a été élu président de la République au suffrage universel et le Kazakhstan a proclamé son indépendance. A maints égards très lié à la Russie et plus riche que ses voisins méridionaux, le Kazakhstan aborde la question de la solidarité entre républiques d'Asie centrale avec circonspection.

LA POPULATION DU KAZAKHSTAN AUJOURD'HUI

De tous les Etats successeurs de l'URSS, le Kazakhstan a la population la plus composite. Aucune ethnie n'y est majoritaire, ni les Kazakhs eux-mêmes (40%), ni les Russes (38%). Mais les proportions différent selon les régions. Dans le nord voué à l'agriculture extensive et à l'industrie lourde, les populations d'origine européenne (Russes, Ukrainiens, Biélorusses, Polonais, Allemands) forment plus des deux tiers du total, les Kazakhs 28%. Dans l'ouest encore steppique et peu urbanisé, le rapport est presque inverse : Kazakhs 60 %, Européens 35%. Dans le sud, aux confins du Kirghizistan et de l'Ouzbékistan, les Kazakhs constituent près de la moitié de la population, les Européens à peine le tiers. Le solde se compose d'Ouzbeks (région de Tchimkent), d'Ouïghours (région d'Alma-Ata), de Coréens... Toutefois, dans la ville même d'Almaty, les deux tiers des habitants sont d'origine européenne, en très grande partie russe ; moins du quart sont kazakh.

Population (1989)  16464000

Superficie ~ . ~ . 2 717 300 kM2
Capitale . . ~  Alma-Ata

REPARTITION ETHNIQUE DE LA POPULATION (1989)

Kazakhs    6535000
 Russes     6228000
 Allemands   958000
 Ukrainiens  896000

 Ouzbeks     332000
 Tatars      328000
 Ouïghours   185000
 Biélorusses 183000
 Coréens     103000
 Azéris       90000
 Polonais     60000

RELIGIONS

Les Kazakhs sont de tradition musulmane sunnite.

KAZAKHS HORS DU KAZAKHSTAN

 Chine (Xinjiang) (1982)   910000
 Ouzbékistan (1989)        808000
 Russie (1989)             636000

 Turkménistan (1989)        88000